Son regard se perdait dans la vitre qui lui faisait face. Les bras croisés, il attendait tranquillement que sa vie se termine. Sa main droit ouvrit un tiroir et sa gauche en sortit un paquet de cigares. Déposant cette petite boîte sur son bureau, John l'ouvrit. Ses yeux scrutèrent à tour de rôle chaque cigare et il en choisit un. Le mettant dans sa bouche, il maintint une petite pression avec ses lèvres, mais Bentley ne voulut pas l'allumer. Le reprenant avec avec son index et son majeur de sa main gauche, Shepard se frotta le menton avec la droite. Quittant son siège, John alla voir de plus près sa fenêtre en regardant à l'extérieur. Les nombreux bâtiments du centre-ville de New York formaient une ombre au loin tandis que les activités de la base militaire attirèrent son attention. Se retournant, ses yeux tombèrent soudainement sur la photo d'Anderson, le général Patrick " Pat " Anderson. Une larme roula sur sa joue pour se fracasser contre le sol en réveillant de sombres souvenirs. Rejoignant de nouveau son bureau, il déposa son cigare et ouvrit de nouveau un autre tiroir. Une arme s'y trouvait. Il la prit en tremblant et et la déposa devant lui. John se massa longuement les tempes avec de reprendre le M6C. Le lieutenant-général ferma les yeux et mit le canon dans sa machoire.
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Un nuage de poussière lui cacha soudainement la vue tandis qu'un groupe de véhicules passaient devant lui. Rawley toussa bruyamment comme à son habitude contrairement à ses collègues qui restèrent d'un calme habituel. Shepard regarda les Pélican qui s'envolèrent pour rejoindre de nouveau le " Parangon ", vaisseau de classe-Phoenix servant de transport à l'officier des Forces Spéciales. Allumant son cigare, Bentley se tourna vers ses subalternes qui inspectaient les marines qui défilaient devant eux.
- Rapport, marmonna-t-il en observant les cohortes de soldats en beige qui passaient devant lui.
- On a presque fini de débarquer les dernières garnisons du Parangon, ensuite on va pouvoir commencer à établir la base et à déployer nos effectifs à travers la zone. Les rebelles ne sont pas encore manifestés, mais je sens ça va pas durer, répondit le lieutenant Derel en donnant un coup au sergent Rawley qui montait le son de son appareil audio. Une musique ressemblant au rap américain de la Terre attirait l'attention de plusieurs soldats.
- Quoi ? J'ai bien le droit à un p'tit peu de calme ? répliqua sévèrement le sergent en affichant un regard sévère à son supérieur. C'est pas tes galons qui t'donnent le droit de me réprimer mes droits et libertés, tit'gars. Bah voyons ! M'sieur, vous pouvez m'donnez du feu ?
John s'avança d'un pas lent vers le " Sarge " Anton en sortant son briquet. Celui-ci sortit une cigarette se pencha un peu. Rawley était bien le plus étrange des sous-officiers ! Irrespectueux, mais respecté, le sergent-chef Anton Rawley était une personne qui appréciait bien la liberté et le contact avec les hommes. Même si on lui donnait une paye mille fois plus grande pour qu'il prenne du galon, jamais il quitterait son poste sur le champ de bataille.
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- Tu sais Jack, c'est pas comme ça que tu deviendras bon aux échecs. Mets-y un bon d'sérieux bon sang ! Ton fou aurait pu manger mon roi depuis un bon bout, dit Patrick en jetant un regard amusé sur son ami. T'a jamais pensé prendre des cours ou quelque-chose du genre ? À ton âge, tu pourrais songer à la retraite.
- C'est trop sérieux comme jeu aussi ! répliqua John en souriant. Vois-tu c'pas pour moi ça. Qu'est-ce que t'a comme jeu ? Un Spaceship ou un vieux Battleship ? Au pire, on fouillera sur les canaux télévisés. Pas de chance ! Seul jour de congé en plusieurs mois.
- Et tu viens passer ces quelques heures avec un vieux retraité, souffla Anderson en faisant rouler sa chaise près de celle de Shepard. Tu aurais dû voir ta famille ou ... je sais pas moi !
Gardant le même sourire, Shepard regarda Anderson d'un air compatissant. Il a toujours été un militaire comme lui, mais Pat' n'avait jamais voulu aller à la retraite. Le GUT le trouvait trop inutile apparement selon ce que John avait trouvé sur le sujet. C'est utile d'être un vétéran et un officier supérieur du NAVSPECWARCOM !
- T'inquiète, j'ai pris ces quelques heures pour toi.
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- Hey boss ! R'gardez le journal, j'crois que ça va pas vous plaire ce que vous allez voir. Un aut'suicide d'un officier à la retraite, envoya Rawley en lançant un journal dans les mains de son supérieur. Sa famille disait qu'il était heureux et qu'un de ses amis aurait pu l'influencer.
Prenant le papier en lâchant un soupir, les yeux de Bentley commencèrent à faire un tour rapide de l'article. Le titre attira immédiatement son attention. " Le général Patrick Anderson termine sa vie dans une autre bataille ". Immédiatement, le journal tomba des mains du lieutenant-général qui arrêta de respirer un moment. Les yeux du lieutenant Martin Derel et des sergents Maria Olivera et Anton Rawley fixèrent leur chef. D'un instinct plus protecteur, Rawley se leva immédiatement.