[Fini] [Secret Défense] Opération Down Turn

Opéra de Leningrad, 15 Avril 2530, 19h00 heure locale :

L'opéra affichait complet. La représentation du ballet de Kiev aurait lieu dans à peine une heure et peu à peu les quelques riches et aristocrates de Leningrad arrivaient lentement et cérémonieusement. Dimitri Valadimirovitch Ouroumov venait d'entrer accompagné par deux ravissantes créatures. Il n'aurait pas fallu se fier à la quantité de personnes qui se pressaient pour venir lui serrer la main et le complimenter : Ouroumov n'était pas fréquentable. Il n'était guère plus qu'une immonde raclure doublée d'ordure infâme.

Ouromov déplaça son corps de petit grassouillet jusqu'à sa loge. Une de ses escort-girls resta avec lui pendant que la seconde alla jusqu'au bar pour aller chercher un seau de glace et une bouteille de vodka. Le gros bonhomme s'installa lourdement et se fit verser un verre qu'il descendit rapidement.

Le défilé commença dès lors : des hommes entraient avec une valise et repartaient les mains vides ou avec un autre attaché-case. Borodine, par exemple, qui était patron de plusieurs casinos réputés de Moscou à Leningrad, entra avec une valise bleue pleine de liasses de billets et repartit avec une valise noire pleine de bons du trésor. La valise noire avait appartenu à Golovko, qui lui était membre d'un ministère et troquait sa valise contre les services d'Irina Illoutchine. Elle avait une compagnie d'import-export qui passait en douce des clandestins depuis la chine au nombre desquels une petite fille était réservée à Golovko pour ses petits... jeux.

Le répugnant défilé des raclures locales continua jusqu'à 19h50 environ.

Katherine Sommerset, était assise de l'autre côté de la salle et sirotait paresseusement un léger cocktail. Miss Sommerset était la femme de Iouri Bankovitch, un petit génie de l'informatique qui avait monté une start-up spécialisée dans le développement d'IA. Avec son vague air de pute de luxe un peu snob, Sommerset souriait en feuilletant le programme de la soirée.

Un homme entra dans sa loge en se tenant droit dans l'embrasure. Il était assez grand et musclé, une sorte de colosse de l'Oural. Il ne dit mot mais la douce voix de Sommerset lui répondit.

"Procédez comme prévu, Grégory."

Le colosse hocha la tête pour signifier qu'il avait bien reçu l'ordre et sortit sans en demander plus. Il retrouva deux autres montagnes de muscles dans le couloir. Ils traversèrent couloirs et halls pour atteindre l'autre aile de l'opéra. Ils sortirent de leurs imperméables respectifs fusils d'assaut et fusil à pompe.

Les trois tueurs s'engouffrèrent dans la loge d'Ouroumov en faisant claquer leur fusil. Une première rafale vint cueillir la blondasse au niveau du bas ventre et la projeta par dessus la rambarde. Des balles vinrent s'écraser contre le dos de la chaise d'Ouroumov et la crosse d'un fusil s'abattit lourdement sur le visage de la brunette, qui s'écroula en silence.

Le vacarme des civils qui fuient en hurlant et des femmes en pleine crise d'hystérie frappa de plein fouet le calme Opéra. Le premier homme s'avança vers Ouroumov pour s'assurer de la réussite de sa basse tache.

Il fallut à peine une demi seconde à l'homme pour comprendre qu'il y avait un problème. Ouroumov rigolait, il ne crachait pas de sang et semblait aller très bien. Une silhouette souple atterrit sur le rebord. La blondasse semblait en pleine forme malgré les impacts de balles dans son abdomen. La brunette sauta sur ses pieds au même instant, la peau partiellement arrachée de son visage dévoilant une armature métallique.

Tout alla très vite...

Les deux androïdes de combats avaient initié leur protocoles de combats et activé leur armement : une mitrailleuse et une lame en titane finement aiguisée avaient jaillit de chacun de leur bras.

Le premier homme eut la cervelle éparpillé sur le mur dans une trace rosâtre, résultant d'un tir croisé des deux machines de guerre.

Le deuxième eut la gorge tranchée et il s'écroula dans un geyser rouge, qui s'étala énergiquement sur le mur et jusqu'au plafond.

Le troisième était au sol, les jambes et bras tranchés avoir d'avoir eut le temps de fuir ou même de lâcher une rafale de son MA5B.

Encore sous l'effet de l'adrénaline, Grégory ne lâcha pas de cri de douleur alors qu'il réalisait la précarité de sa situation. Ouroumov le regarda alors que la blonde le trainait aux pieds de son maître.

"Qui t'envoie, sale connard ?"

Ouroumov avait la voix dure et il y perçait un ton infâme et sadique.

"Parles et je t'accorderais le droit de mourir."

Comme pour appuyer les propos de son maître, la brunette lécha sa lame ensanglantée. Son visage, à moitié arraché, dévoilait la froide machinerie métallique qui formaient son crâne.

"Cette salope savait que c'était un piège. C'est elle qui a payé pour ça !"
"Qui ? Donne son nom !"
"Summer quelque chose, c'est une américaine. Dans la loge 36 !"
"74 ? Occupes t'en !"

La blonde se détourna de la loge et se laissa tomber au sol de l'autre côté de la rambarde. Il y eut un jet de sang dans la loge et la brune réapparut avec une éclaboussure rouge sur la face. 74 traversa le hall pour se précipiter dans la loge 36 toutes armes dehors.

"Personne !"
"Trouvez moi le nom de cette catin !"
"Oui, maître"

La blonde épousseta sa robe de soirée complètement déchirée à l'abdomen et se dirigea vers le guichet de location afin de s'entretenir avec l'employé de l'opéra terré derrière son bureau.

Dachka d'Ouroumov, banlieue de Leningrad, 15 Avril 2530, 22h30 heure locale :

Ourouomov attrapa l'homme par le col et le jeta contre le mur. Il était rare qu'Ouroumov le face en personne. En général, il déléguait ce genre de tâche mais pas ce soir. Il agrippa l'homme encore au sol de ses deux énormes mains.

"Répètes ça, incapable ?"
"Iouri Bankovitch n'a jamais été marié : Katherine Sommerset n'existe pa...aaaaaaaaaaargh !!!"

Ouroumov lâcha le corps inerte de son informateur, non sans lui mettre un nombre certains de coups dans les côtes. Quand il fut trop essoufflé par tant d'effort physique, il se tourna vers ses autres informateurs regroupé ici.

"Je vous paies pas pour ça ! Je veux des résultats. Du concret et vite !"

Il marqua une pause d'un court battement de cœur.

"Qu'est ce que vous foutez-là ? Bougez vous !"

Ouroumov alla s'asseoir dans son fauteuil au dos blindé pendant que sa blonde lui versait un verre et que sa brune lui massait doucement le dos.

Dachka d'Ouroumov, banlieue de Leningrad, 16 Avril 2530, 03h41 heure locale :

Ouroumov avait trouvé sommeil blottit contre la plastique parfaite de 74. Il y avait quelque chose de paradoxal dans cet image. Le gros porc, nu et blottit langoureusement contre sa sublime maîtresse robotique, faisait penser à un enfant terrifié blottit contre sa mère.

Un silence de plomb régnait sur la Dachka même parmi les gardes du seigneur du crime. L'attaque avait été subite et la fureur du maître des lieux en avait terrifié plus d'un. Igor était au service d'Ouroumov depuis qu'il avait été reformé pour cette sombre histoire d'instabilité depuis qu'il avait été déclaré WIA par un éclat d'obus dans le crâne.

Malgré toute sa hargne et son entrainement militaire d'ex-marine, Igor ne vit jamais venir la mort. Pourtant son assassin n'avait pas usé de subterfuge déloyaux comme un fusil de sniper gonflé et des cartouches de .50 BMG gonflés à l'uranium appauvri. Un simple "plop !" discret et Igor n'était plus.

Andreï fut le suivant et il ne comprit pas non plus ce qui lui arriva.

Dimitri aperçu son assassin. Davantage par hasard que par talent, il se retourna pour se retrouver nez à nez avec une armure d'un noir sombre et impénétrable. Un coup agile et vif comme la morsure d'un cobra lui broya les cordes vocales. Un balayage sec mais parfaitement effectué le jeta à terre. Plop ! Dimitri baignait dans son sang, la tête fracassée par l'impact de M225.

Un entrepôt désaffecté de la banlieue de Leningrad, 16 Avril 2530, 21h57 heure locale :

Le grillage qui entourait le vieil entrepôt était barbelé et électrifié. Ce fut comme un appel à l’infiltration. Le gros russe libidineux aurait aussi bien pu mettre une pancarte marquée "Je cache de vilains secrets ici, n’entrez pas !" Un sourire de prédateur se dessina sur le visage blanc et angélique de la jeune femme.

Quiconque aurait voulut la voir aurait du faire un effort remarquable. Dans son armure noire, perchée en haut d’une grue à quelques cents mètres de distance, Katherine Sommerset attendait. Elle épaula son fusil sniper et observa les lieux à travers sa lunette de visée.

La sécurité avait été considérablement renforcée. Il devait bien y avoir une demi-douzaine de robots tueurs cette fois-ci, une cinquantaine de miliciens en armes et armures. Sommerset, dont ce n’était pas le vrai nom, se demanda si Ouroumov avait des renforts embusqués. La réponse vint sous la forme d’un grondement dans les cieux et de l’arrivée d’un turbocoptère. La jeune femme se cala davantage dans l’ombre avant d’observer l’appareil.

Long d’une vingtaine de mètres, il flottait au dessus de l’entrepôt dans un vacarme assourdissant. Katherine prit note du matricule d’identification peint sur la queue de l’appareil, l’information avait son importance pour mettre en évidence des réseaux de trafiquants. Bien qu’il utilise une technologie déjà ancienne, le turbocoptère était un appareil militaire et son utilisation par des gens comme Ouroumov était problématique. Cette plateforme volante emportait une quantité considérable de missiles air-sol et air-air et plusieurs mitrailleuses lourdes antitank.

"As-tu d’autres petites gâteries pour moi, Ouroumov ?"

Katherine observa encore longuement le site avant de se décider pour la phase suivante de l’opération. Elle sauta du haut de sa grue, retenue par un câble en titane et d’un pas vif se dirigea vers l’entrepôt. La technologie composite de son armure lui permit d’avancer sans avoir à craindre le turbocoptère. Aucun système d’arme n’arriverait à se locker sur elle.

Franchir le grillage fut une formalité rapidement expédiée. Il y avait un mur de l’entrepôt qui bordait la rue. Plutôt que de l’escalader jusqu’au toit et de tomber dans une éventuelle embuscade, Katherine sauta par-dessus le grillage pour atterrir, en douceur, dans la cour. Elle s’adossa au mur et s’enfonça dans la pénombre ambiante pour y disparaître. Une sentinelle passa à guère plus de deux mètres sans la voir.

Progressant lentement et silencieusement, la jeune femme pu rejoindre l’intérieur de l’entrepôt. Elle progressa aussi discrètement à l’intérieur même si elle du se livrer à quelques acrobaties : se glisser dans les conduits d’aération pour attendre le passage de sentinelles ou même tenir en équilibre dans le faux-plafond. Rien ne l’arrêta.

Au bout de quelques instants, la jeune femme qui se faisait appeler Katherine Sommerset était couchée sur le dos dans une canalisation d’eau usée. En regardant vers le haut et par delà la plaque, elle avait un visuel parfait sur son objectif.

Plop !

Ouroumov s’écroula sur la plaque d’égout le crâne fracassé par la balle à haute vélocité. A cette portée, l’impact vaporisa le crâne du gros russe. Il ne resterait plus assez de son crâne pour l’identifier alors de là à faire une étude balistique...

Un entrepôt désaffecté de la banlieue de Leningrad, 17 Avril 2530, 23h01 heure locale :

Une ombre s’aventura hors de l’entrepôt désaffecté et vidé de ses occupants de la veille. Il n’y restait plus que le cadavre sans vie ni tête d’Ouroumov. L’assassin grimpa sur un containeur puis sauta pardessus le grillage électrique maintenant désactivé. Elle parcouru quelques centaines de mètres avant de soupirer de soulagement.

La mort d’Ouroumov avait plongé son cartel dans un certain désarroi. Cachée dans l’étroit conduit d’évacuation des eaux usées, la tueuse avait joui d’une tranquillité éhontée, profitant du spectacle des hommes en pleine confusion. Là, sous le nez d’ennemis mortels, elle avait attendu pour pouvoir quitter les lieux en toute sécurité.

S’enfonçant dans une ruelle sombre, la jeune femme récupéra un sac de vêtements. La transformation de la tueuse sanguinaire en innocente civile fut effective dès qu’elle eut retiré sa combinaison noire, ainsi que ses pièces d’armures. Elle fourra le tout dans une poubelle, vida une bouteille de concentré de napalm et y jeta une grenade incendiaire. Quittant la ruelle, elle s’arrêta au bout du bloc de bâtiments pour s’assurer que personne n’aille dans la ruelle. Un grondement secoua le quartier et les vitres dégringolèrent à cinquante mètres à la ronde. Le bloc entier brûlait comme un infernal brasier quand la belle jeune femme quitta les lieux.

Elle prit le métro, changea plusieurs fois de ligne et se rendit à l’aéroport où sous son identité de Katherine Sommerset, elle quitta la Russie sur le premier vol pour Bruxelles. Quand la police de Leningrad ouvrit l’enquête sur l’incendie volontaire d’un bloc entier de bâtiment, Joan Thompson de son nouveau nom d’emprunt, était assise au comptoir d’un pub Londonien et sirotait une bière bien fraiche en attendant son contact.