2021 heures, 6 Juillet 2552 (Calendrier militaire du CSFDNU), Algolis, Système Algol
Nikola-054, Arsenik One, avait le regard fixé sur la couverture d’un rouge sanglant du crépuscule.
Dans la soute ouverte du Falcon, à ses côtés, était assis Thomas-077, Arsenik Two, qui le dépassait de deux bonnes têtes et prenait plus de place que n’importe quel autre membre de l’escouade. Il possédait un énorme plastron affublé d’un protège-nuque et de deux énormes couteaux de combats, un de chaque côté du torse.
Un soupir attira l’attention de 054. Il tourna la tête, chaussée d’un casque d’O.D.S.T bidouillé par ses soins, pour regarder le Spartan-III en face de lui. Une main sur la tourelle latérale, l’autre tenant un DMRM392, Kevin-213, Arsenik Three, le fixa à son tour. Ni l’un ni l’autre ne dirent cependant mot qui en vaille la peine.
Les rotors des deux Falcons fendant le crépuscule résonnaient à travers la vallée en contrebas. Nikola jeta un coup d’œil au véhicule adjacent : de la soute de celui-ci, un Spartan vêtu d’une armure qui pourrait facilement se confondre avec de la verdure lui adressa un signe du pouce, tout en gardant dans son autre main l’arme pour laquelle il avait été engagé dans cette mission : un SRS99AM, autrement dit un fusil de sniper à balles perforantes de calibre 14.5, de quoi facilement trouer l’armure d’un Elite Covenant et faire exploser ses organes vitaux. Hugo, Spartan-192, Arsenik Four. Un tireur comme Nikola n’en avait jamais vu auparavant. Il était capable de rester presque une semaine sans manger, camouflé en hauteur, à attendre le passage de la cible qui ferait toute la différence.
A côté du sniper, tête appuyée contre le siège, sûrement perdu dans ses pensées, se tenait Florian-237, Arsenik Five. Ses mains gantées étaient croisées sur ses cuisses, et son M41 Jackhammer à double canon et visée anti-véhicules reposait au-dessus de lui, accroché au plafond. Un H-165 Target Locator, un minuscule engin capable de commander des tirs de canon antimatière depuis l’espace, était accroché à sa ceinture. Tous étaient silencieux.
Tous attendaient l’heure.
- Équipe Arsenik, grésilla la voix du pilote du Falcon de Nikola dans la COM, préparez-vous, atterrissage dans… qu’est-ce que c’est que ça ?
La voix du pilote avait brusquement changée de ton. Elle était paniquée, à présent. Nikola raffermit sa prise sur son lance-grenades M319 et banda ses muscles, prêt à passer à l’action. Thomas, à ses côtés, se saisit de son Laser Spartan.
- Des Banshees ! s’écria le pilote, ils vont…
Nikola réagit en à peine un quart de seconde. Grâce à ses améliorations lors de l’exécution du Projet CHRYSANTHEMUM qu’il avait subi comme tous les Spartans-III, son temps de réaction avait été augmenté de trois cent pour cent par rapport à la normale. Il saisit une poignée placée au plafond et sentit en même temps la secousse provoquée par l’impact de la boule de plasma bouillante venant de pulvériser le cockpit de son Falcon. L’appareil vira de bord et son hélice droite alla percuter celle de gauche du deuxième Falcon. Nikola entendit Florian jurer dans la COM alors qu’ils étaient bringuebalés en tous sens.
- Spartans, préparez-vous au crash ! cria Nikola, qui voyait le sol se rapprocher dangereusement vite.
Il sentit une main agripper le col de son armure et vit Thomas le soulever, grognant comme un buffle, et le balancer hors de la soute, loin des deux vaisseaux. Le colosse fit de même avec Kevin, qui était minuscule à côté de lui, puis sauta de la carcasse avant que celle-ci ne vienne violemment s’écraser contre le flanc d’une petite falaise, provoquant une explosion ainsi qu’un vacarme assourdissant. Le deuxième Falcon disparut en tournoyant derrière l’éminence rocailleuse, et Nikola put entendre Hugo crier dans la COM :
- Saute !
Quelques secondes plus tard s’ensuivit un nouveau bruit d’explosion. Nikola ne put même pas se demander si ses frères d’armes étaient encore vivants qu’il percuta lourdement le sol et roula plusieurs fois sur lui-même dans un nuage de poussière. Il resta plusieurs instants immobile, allongé sur le sol. Après un silence interminable, il se releva en titubant et regarda autour de lui. Sa tête lui faisait affreusement mal, mais il n’y prêta pas attention et se concentra plutôt sur la silhouette étalée quelques mètres plus loin. Il s’en approcha d’un pas incertain et s’agenouilla en remarquant qu’il s’agissait de Kevin, couché sur le dos, sa visière reflétant le crépuscule orange paré de nuages violets.
- Ça va ? demanda le Spartan au casque de Helljumper modifié.
Kevin bougea légèrement la tête, faisant danser les nuages déformés sur sa visière.
-Joli plongeon, mais la réception est à revoir, dit-il.
Nikola lui tapota l’épaule et se releva :
- Allez, debout. La mission vient à peine de débuter.
Un grognement attira son attention. Thomas époussetait son énorme armure, l’air apparemment peu secoué par l’atterrissage à la dure. Nikola s’approcha de lui. Il était peu adapté à regarder encore l’étrange casque que portait son ami de formation. On l’appelait le casque GUNGNIR, porté par de rares participants au projet portant sur les essais du W/AV Model 6 Grindell/Galilean NR et adapté afin de s’ajuster à la précision du viseur de l’arme, plus connue sous le nom de Laser Spartan dans l’armée. Le casque avait la curieuse particularité de ne pas posséder de visière comme les casques Spartans standards, mais un bloc compact avec un réticule de visée sur l’œil gauche. L’œil droit était pour ainsi dire inutile, mais cela ne gênait absolument pas Thomas, puisque le réticule était adapté pour ajuster la visée du Laser. En revanche, dans les combats au corps-à-corps dont le titan était adepte, il devait faire très attention et compter sur son étonnante agilité pour la masse de muscles qu’il était.
Nikola fronça les sourcils en le voyant. Bien qu’étant un trio de guerriers inséparables, eux et Kévin, depuis leur enfance, il était encore parfois légèrement troublé par la cruauté dont son ami pouvait faire preuve. Leur devoir était de tuer, mais Nikola avait déjà vu le Spartan-077 torturer un Elite avec sa propre épée à énergie avant de l’achever dans un cri de rage et de jubilation. Il avait commencé par lui cisailler le torse, en détacher la peau, couper ses mandibules, ses bras puis ses jambes, avant de lui planter la lame dans le crâne, laissant le cadavre gisant contre un mur recouvert de sang. La seule justification que Thomas avait pu appeler à lui était bien sûr la vengeance. La même raison qui avait poussé plus de neuf cent-trente orphelins de différentes colonies tombées aux mains de l’Empire Covenant à devenir des supersoldats meurtriers constituant la nouvelle génération de Spartans, après celle des légendaires Spartans-II. Les Spartans-III étaient moins rapides et moins forts, mais constituaient tout aussi bien une menace pour la coalition extraterrestre.
Le Spartan-054 adressa un bref signe de tête à son ami et enclencha la COM privée de l’escouade, branchant le signal sur les liaisons d’Arsenik Four et Five :
- Quelqu’un me reçoit là-bas ?
- Au poil, chef, répondit Hugo, Arsenik Four. 237 le fait bien savoir, comme d’hab’.
Nikola entendit une autre voix crépiter légèrement dans la communication, débitant un flot d’injures bien senties.
- Ramenez vos miches par là, trancha Nikola.
- C’est que c’est raide par là… fit remarquer Hugo.
- Alors on contournera, répondit le leader. Y’a bien un croisement au bout de cet escarpement. One, terminé.
- Four, reçu. On vous rejoint dès que possible.
Nikola s’en retourna à la carcasse du Falcon, tombée du haut de la falaise. Le corps du pilote calciné pendait par la vitre éclatée du cockpit. Deux caisses de munitions avaient étalées leur contenu un peu partout autour. Le Spartan en armure noire et acier soupira et se baissa pour récupérer les plaques d’identification du militaire ainsi qu’une dizaine de grenades qui attacha à son bras droit. C’était qu’il était déjà bien chargé en explosifs, et pas des moindres : ses grenades adaptées au M319 qu’il portait habituellement faisaient le tour de son bassin, et son torse étaient paré d’explosifs d’un genre un peu particulier, puisqu’il s’agissait de grenades à plasmas, autrement dit un matériel offensif ennemi. Le CSNU ainsi que le SRN avait fermé les yeux sur cette petite infraction au règlement, mais c’était bien parce qu’il savait s’en servir avec parcimonie. L’artificier était un spécialiste des grenades, mais avant tout, ce qu’il préférait, c’était ces orbes bleus qu’il dérobait aux cadavres ennemis sur les champs de bataille et qu’il gardait pour ses prochaines missions. Il s’en faisait des bandoulières entières qu’il attachait à son torse et exhibait fièrement, non sans protections afin d’éviter qu’un tir, qu’il soit allié ou ennemi, vienne « accidentellement » en faire péter une alors qu’il serait à court de bouclier.
Thomas le rejoignit d’un pas lourd, chercha son arme des yeux et finit par la repérer… la crosse dépassant de sous le Falcon. Il se pencha, saisit d’une main le bord de la soute ouverte et souleva légèrement le véhicule en grognant. De sa main libre, il récupéra le Laser décoincé et lâcha la charpente qui reprit sa position initiale de crash dans un grincement. Il observa un instant le Laser Spartan déformé, broyé, marmonna dans sa barbe et le jeta au sol comme un vulgaire fétu de paille. Il fouilla dans les caisses mais hormis des cartouches, aucune arme n’était présente. Nikola le sentit qui commençait à s’énerver, et lui posa une main sur son épaulière COMMANDO, énorme en contraste avec son autre épaulière HAZOP, qui elle était minuscule car, se situant sur le bras utilisant l’arme, devait être plus souple selon le colosse afin de favoriser la visée rapide.
- Du calme. On te trouvera bien une pétoire en chemin.
- Et tu comptes me la sortir d’un buisson ? persiffla Thomas, ses poings massifs serrés.
- Non, mais y’a des chances qu’on tombe sur du monde.
Kevin s’était rapproché d’eux. Il avait son DMR accroché dans le dos, et tenait dans la main droite le lance-grenades de Nikola, qu’il lança au concerné. Dans sa gauche se trouvait un fusil d’assaut MA37, que Thomas lui arracha sans hésitation. Kevin n’en fut pas surpris. Thomas avait toujours été brutal avec eux, bien que plus communicatif qu’avec n’importe qui d’autre. En mission, il ne se faisait pas prier et savait où se trouvaient ses priorités. Le devoir avant tout.
Ils se mirent silencieusement en marche, suivant le chemin de terre tracé naturellement à travers la vallée, ne perdant pas de vue la falaise verdâtre qui les surplombaient.
Le soir tombait rapidement. Le groupe allait très vite se retrouver dans l’obscurité, mais ce n’était pas un problème. Pas pour eux en tout cas.
Dans la semi-pénombre, Nikola réfléchissait tout en restant vigilant au moindre signe avant-coureur d’attaque. Ils étaient censés avoir rejoint le point de rendez-vous du centre de recherche sur l’armement T12A afin de le protéger de l’occupation ennemie présente sur la planète en raison de ce qu’il renfermait. Les Spartans étant de simples soldats, ils n’étaient pas mis au courant de ce genre de choses, mais Nikola ne s’en formalisait pas. Ils faisaient leur devoir, rien de plus. Mais ils n’avaient pas prévus l’embuscade, les Covenants venant tout juste d’apparaître dans le secteur orbital d’Algolis et n’ayant pas encore eu le temps de déployer des forces en atmosphère. Du moins était-ce ce que le CSNU avait affirmé.
La vallée n’était pas vaste, aussi se retrouvèrent-ils vite au croisement attendu. A peine arrivés, des pas se firent entendre derrière eux. Le trio se retourna rapidement, sur ses gardes. Florian, lance-roquettes sur l’épaule, leur adressa un signe de main :
- Woho. C’est nous.
Nikola lui rendit un signe de tête et les deux guerriers en armure les rejoignirent.
- On a essayé de joindre le QG, déclara Hugo. Sans succès.
- Ils brouillent nos communications, ajouta Florian. Ils savent qu’on est là.
- Alors ne trainons pas, ordonna Nikola. Essayons de rejoindre le centre d’armement le plus vite possible.
Thomas tourna la tête vers les autres et leur fit signe de se bouger. D’une certaine manière, il n’y avait pas de leader dans l’équipe. Même si chacun avait un tempérament un peu particulier, ils savaient où se situaient les limites de l’insubordination qui mènerait au désordre et ne cherchaient jamais à poser un pied derrière la ligne. Bien sûr, il arrivait parfois que de petits désaccords surviennent, mais le groupe comportait heureusement quelques esprits moins têtus que les autres, tels Kevin-213 ou Hugo-192, pour arranger la situation. Nikola savait qu’il pouvait compter sur eux. Qu’il pouvait compter sur chacun d’entre eux, et vice-versa.
Ils arrivèrent en bordure d’une jungle à l’apparence peu dense mais terriblement sombre en raison de la tombée subite de la nuit. Nikola porta une main à son casque et appuya sur un petit réticule dépassant à côté de sa visière bleue. Aussitôt, un rayon balaya la visière qui fit passer son affichage tête haute en mode de vision nocturne. Tout en sachant que les autres n’avaient pas à faire cette manœuvre, Nikola éprouvait toujours de la frustration à cet égard. C’était que les améliorations destinées à stabiliser l’inversion de la rétine afin de créer une vision nyctalope naturelle lors du projet CHRYSANTHEMUM n’avaient malheureusement pas pris effet sur le Spartan-054, et que ce dernier avait dû se construire lui-même ce petit atout après avoir volé le casque qu’il portait…
Alors que le groupe se remettait en marche, le Spartan au casque d’O.D.S.T se remémorait l’acquisition plutôt incongrue de ce dernier. Il y avait quatre ans de cela, le supersoldat se trouvait à bord de la frégate UNSC Red Hazard lorsqu’un ODST l’avait défié en combat singulier. Mais même une pareille tête brûlée ne pouvait rien face à un Spartan. Le malheureux téméraire fut transféré dans les services de communication du SRN après que Nikola lui ait brisé la colonne vertébrale par un coup porté un peu plus fort qu’il ne l’aurait voulu, le cloitrant pour le reste de son existence dans un fauteuil roulant, paraplégique. Nikola, partagé entre le remords d’avoir fait perdre un allié précieux au champ de bataille et son orgueil querelleur de Spartan-III, avait décidé de prendre le casque de l’ex-Helljumper et de le faire sien, en signe de rédemption. Il avait ajouté son module de vision nocturne, ainsi qu’un système de visée améliorée pour ses lancers de grenades, qui serait canalisé dans un module cylindrique posé sous la visière. Pour le reste, il avait peint une bande grise coupant son casque en deux à la verticale, du dessus de la visière jusque derrière.
- Chef ?
La voix d’Hugo résonnant dans la COM le tira de ses pensées, qui n’avaient pourtant distrait son attention qu’une fraction de seconde.
- Qu’il y a-t-il, Four ? demanda l’artificier, progressant à travers la végétation dense de la jungle en écartant lianes et plantes basses sur son passage.
- Ne bougez plus… chuchota le sniper dans la COM. A dix mètres, devant vous. Un contact ennemi.
Nikola s’immobilisa, caché entre deux grandes fougères. Hugo avait une vue exceptionnelle et l’avait pris de court. Si personne d’autre n’avait rien vu, c’était que l’ennemi était camouflé. Mais, heureusement pour l’escouade, rien, ou presque, n’échappait au Spartan-192.
- Un Elite ? siffla le leader.
- Vu la silhouette, ça ne fait aucun doute, murmura Hugo dans la liaison. Plus personne ne bouge.
- C’est impossible qu’il soit seul, grogna Kevin. Laissez-moi quadriller le périmètre et…
- Non, répliqua Nikola, interdiction formelle de bouger. Four, situation ?
- Il ne bouge pas, il se contente de rester à son poste, souffla Hugo, caché bien plus loin sur la droite de Nikola, dans les fourrés, viseur aligné avec la pupille.
- Three, à gauche, ordonna Nikola. Vois si tu peux avoir les autres. Je vais voir à droite.
Il était trop risqué d’envoyer Thomas ou Florian. Non pas qu’ils étaient incompétents, mais la carrure de l’un et l’arme de l’autre compromettraient l’effet de discrétion. Il rangea lentement son lance-grenades et sortit le magnum qui était attaché à sa ceinture… accroupi dans l’obscurité de la jungle, il se mit à progresser en diagonale, les lianes caressant le haut de son armure, presque imperceptible dans le noir. Il devait faire attention au moindre mouvement, de la fougère se balançant légèrement dans l’air à la luciole virevoltant dans l’air… il en suivit une brièvement du coin de l’œil et stoppa net. Celle-ci s’était immobilisée en plein vol. Il la regarda plus attentivement. Elle restait là, en l’air, les ailes repliées… comme posée sur quelque chose d’invisible. Il regarda alors le décor derrière celle-ci. Il semblait déformé. Un grondement coula doucement dans ses oreilles.
- Merde ! s’exclama le Spartan dans la COM. J’en ai un, j’en ai un !
Il esquissa un mouvement pour lever son arme mais trop tard. Une main invisible bloqua son poignet et une silhouette se matérialisa devant ses yeux. L’Elite, haut de deux mètres soixante et vêtu d’une armure grise, dévoila sa dentition acérée séparée en quatre mandibules qui s’étaient ouvertes pour laisser échapper un sourd grognement. Il leva une épée à énergie dont la lueur argentée produite par ses deux lames triangulaires apposées parallèlement l’une à l’autre éclairait les environs et Nikola se saisit de sa main à deux doigts et deux pouces opposés pour essayer de l’écarter. Peine perdu, l’Elite était plus fort que lui. Il leva son épée dans un air de triomphe bestial, et sa tête explosa dans un geyser de matière grise et de cervelle. Hugo était intervenu juste à temps. Une autre balle siffla plus loin, annonce de la mort de l’ennemi inattentif. Nikola se débarrassa du cadavre sans tête et parla dans la liaison de l’escouade :
- Three ?
Pour toute réponse, un cri d’agonie rauque retentit dans la COM. Un instant plus tard, la voix sereine de Kevin répondit :
- C’est bon, ça va. Ennemis neutralisés.
Nikola souffla à travers le filtre de son casque.
- C’est bon, on avance. Mais faites attention.
- Dit-il, lâcha Thomas d’un ton faussement moqueur.
Nikola l’ignora et enjamba le Sangheili mort. Avançant cette fois avec encore plus de précaution, il restait tendu, prêt à réagir au moindre miroitement dans l’air. Mais au fur et à mesure qu’ils s’apprêtaient à quitter cette jungle, aucune lueur argentée ne vinrent les avertir de la présence qu’un quelconque nouvel adversaire…
Au bout d’une heure et demie de pérégrinations à travers fougères et mousses, Nikola perçut enfin une colline au loin entre deux arbres. Il écarta une énième liane et s’arrêta devant la plaine qui s’offrait au groupe de Spartans émergeant. La nuit avait recouverte de son drap bleu marine le monde d’Algolis. Une myriade d’étoiles commençaient à pointer paresseusement le bout de leur nez gazeux au-dessus d’eux. Nikola s’arrêta un instant pour les contempler. Il n’avait pas vu un ciel comme ça depuis la terre ferme depuis des semaines… des souvenirs lui revinrent succinctement en mémoire. Son père. Sa mère. Sa famille, là-bas, sur Asmara, qui goûtait un bonheur simple et paisible. Et puis l’obscurité, entrecoupée de flashs, d’explosions, des cendres virevoltant dans l’air avec des étincelles.
Nikola secoua la tête. Ce n’était pas le moment.
- Regardez, fit Florian en pointant du doigt une colonne de fumée au loin. On dirait qu’on n’est pas seuls dans le coin, finalement.
Le leader de l’équipe Arsenik fixa la fumée qui s’élevait dans la nuit, peu visible sur ce fond sombre. Il suivait les lents roulis des fumerolles dans l’air, comme hypnotisé. Rangeant son M6D, il tira son lance-grenades, enleva la sécurité et regarda son escouade au grand complet à ses côtés.
- Messieurs, dit-il, c’est le moment d’aller botter quelques culs, et peut-être sauver des vies si ces fouilles-merde n’ont pas encore fait le ménage. Spartans, en avant !
Fin du chapitre premier.